jeudi 3 décembre 2015

Les plaies de la planète

En cette période de COP21 je voudrais faire un petit tour du côté de l'écologie. D'abord, je reprendrai les mots de l'éditorial du numéro de décembre du magazine Géo: pour Eric Meyer, rédacteur en chef, "la COP21 ne servira à rien pour sauver la planète". Et cela pour 3 raisons: d'une part on ne peut imaginer que 200 dirigeants puissent parvenir à un accord universel et concret, applicable par des états qui ont tous des réalités différentes; ensuite, le fait de mettre l'essentiel du débat sur les gaz à effet de serre nous amène  à désigner un coupable abstrait, et masque les blessures de tous les jours qui touchent la vie des gens et pour lesquelles chacun de nous serait plus disposé à agir ("une rivière polluée, une espèce qui s'éteint, un dépotoir d’ordinateurs, une forêt arrachée, une montagne de plastique dans la mer"); enfin Eric Meyer insiste sur le fait que la lutte pour le climat repose davantage sur les citoyens, sur leurs implications et leurs inventions que sur les décisions des États. Car ce sont eux, dit-il, "sur le terrain, dans les labos, les forêts ou sur les glaciers qui, demain, inventeront les formes d'énergie ou les procédés qui permettront à l'homme de vivre autrement."
Il n'est pas inutile en effet de rappeler que cette lutte-là est l'affaire de tous. Chacun à son niveau peut -et doit- faire sa part. Ce même numéro de Géo donne des exemples de ces héros anonymes qui agissent pour une cause: créer des forêts communautaires au Cambodge, entraîner des milliers de femmes à recycler les plastiques en Gambie, cultiver sa terre en France sans recours à la chimie et se diriger vers l'autosuffisance, permettre à une île danoise de 4000 habitants d'abandonner totalement l'énergie fossile, lutter contre la déforestation etc.
Mais au-delà de ces exemples, l'article de Géo passe peut-être trop sous silence un autre aspect du problème: ce qui épuise nos ressources, pollue nos terres, extermine certaines espèces, surexploite les océans, c'est avant tout la course au profit.
 La destruction des espaces naturels,  la disparition de la biodiversité, les enjeux liés à l'eau, la folie de la croissance immobilière effrénée, l'exploitation infernale de nos sous-sols, l'accumulation des déchets, la surexploitation des océans, la pollution des nappes phréatiques... NOUS SOMMES TOUS CONCERNÉS! Chaque plaie de la planète est aussi une blessure que nous nous infligeons à nous-mêmes car :

"Seulement après que le dernier arbre aura été coupé, que la dernière rivière aura été empoisonnée, que le dernier poisson aura été capturé, alors seulement vous découvrirez que l'argent ne se mange pas."

Cette phrase est extraite du livre Vers la sobriété heureuse, de Pierre Rabhi, que je ne saurais trop vous conseiller. J'avais d'ailleurs posté sur Babelio il y a quelques mois, après l'avoir lu, la critique suivante

 La pensée de Pierre Rabhi est salutaire. Il nous faut la partager, afin que le monde prenne conscience qu'il va à sa perte s'il s'obstine à cette course au profit, si la consommation à outrance devient un devoir civique, si la croissance économique illimitée s'obstine à épuiser les ressources de la Terre. L'auteur propose de changer totalement le modèle de nos civilisations, et de passer de cette prédation omniprésente, de cette course effrénée au profit, de cette souveraineté de la finance, à un monde où l'humain et la nature seraient au cœur de nos préoccupations.
Dans un style clair, authentique, Pierre Rabhi nous livre son cheminement et nous invite à une indignation constructive, afin de nous affranchir de la tyrannie de la finance et de passer de la logique du profit à celle du vivant.